Lier le nomadisme postmoderne à une volonté de comprendre ce qui a fait de nous une Humanité il y a des milliers d’années ?

Rennes, France
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BA — voyage- Source flickr.com Author ~ ℬoudicca — Attribution-Non Commercial License

Vaste question que je pose là, grand sujet d’interrogation et d’exploration qui peut faire fuir le lecteur. Belle promesse de voyages et de poésies qui souffle une tentation à la facilité superficielle de considération du champ exploratoire pour l’auteur.

Pour se lancer à l’abordage d’un tel vaisseau d’exploration j’essaie de ne pas me contenter d’un congédiement de la pensée critique, je tente de préserver une humilité complexe.

“Le but de la recherche de méthode n’est pas de trouver un principe unitaire de toute connaissance, mais d’indiquer les émergences d’une pensée complexe, qui ne se réduit ni à la science, ni à la philosophie, mais qui permet leur intercommunication en opérant des boucles dialogiques.” Edgar Morin, Science avec conscience (1982)

Depuis 2013, je me suis nourri de plusieurs expérimentations itinérantes ou nomades personnelles et collectives. J’ai navigué, marché, couru, grimpé, chuté, dans différents chemins du nomadisme. Prendre le temps de jardiner ces champs, observer les cultures, contempler les natures, récolter et digérer les graines et fruits puis recommencer à cultiver. Prendre ces temps était le moindre des respects à porter aux sujets abordés.

Partager ces interrogations, ainsi que les observations glanées, avec de nombreuses personnes, écoles et organisations, est un minimum vital pour la diversité nécessaire à nos champs de réflexions.  Depuis un exercice de terrain en octobre 2015, où j’ai vécu en exploration sur la naissance des interactions de confiances ente individus et entre groupes de personnes, les travaux et interrogations se sont intensifiés. Suite à ce mois intenses je n’ai cessé de plonger toujours plus profond dans les questionnements limbiques. L’accessibilité de la connaissance à l’âge des internets, le partage des savoirs à l’ère de la mobilité, les Humanités numériques, les pratiques collaboratives, la pollinisation des multitudes… autant de raisons de se mettre en action et recherchecollaborative.  Usages des réseaux numériques, ouverture appuyée par des plateformes contributives (ex: doc Github), croisement des disciplines en présentielle, online hangout transatlantique, conférences et ateliers… 

Tout cela pour revenir aux basiques: ce que nous ne nommons pas ne peut pas exister, ce que nous nommons mal est aliéné.  Tout cela pour relire les écrits de Pascal Picq (Histoire de l’homme et changements climatiques, Aux Origines de l’humanité,tome1 et 2).

Toute expédition commence par un premier petit pas et une première page.

L’ humanité est à la fois l’ensemble des individus appartenants à l’espèce humaine (Homosapiens mais aussi les caractéristiques particulières qui définissent l’appartenance à cet ensemble.

L’ humanité réunit aussi certains des traits de personnalitéd’un individu qui, par exemple, amplifient les qualités ou les valeurs considérées comme essentielles à l’humain, telles que la bonté, la générosité

Le concept d’humanité est aussi à rapprocher de la notion de nature humaine qui souligne l’idée que les êtres humains ont en commun certaines caractéristiques essentielles, une naturelimitée et des comportements spécifiques. Ce qui les différencie des autres espèces animales  (Wikipédia)

Pour aborder un telle question, il ne s’agissait pas uniquement de rester derrière un ordinateur à écumer des espaces de coworking ni de partir sur les routes d’un pays lointain avec un sac à dos pour seul compagnon et dans les deux cas partager ses cartes postales ethnocentrées dans une analyse niveau magazine de plage. J’ai essayé de le faire et c’est profondément chiant et intellectuellement polluant.  Il vit dans ces questions sociétales un peu plus de complexité et ils s’intriquent un peu plus d’enjeux dans les réponses possibles qu’un simple personnal branding. Tout d’abord je suggère de considérer qu’il n’y a pas une forme de nomadisme mais des Nomadismes avec différentes pratiques et ainsi de multiples ensembles de Nomades. Une suggestion que je propose de considérer valable dans le temps actuel comme à travers les âges de notre Histoire.  Ensuite les questions de l’Humanité, des Humanités, de leurs sources premières et origines, me semblent être assez précieuses pour ne pas souffrir d’une vanité de traitement des sujets.

« Le propre de l’humainn’est-il pas justement de se poser cette question : “Qu’est ce que l’humain ? » Et est-ce ce sens propre à notre espèce Homosapiens? Dans ce cas, les autres Hommes, dits préhistoriques, étaient-ils des humains ?”

Passcal Picq répond à sa propre interrogation : “L’humain est bien une invention des Hommes, qui repose sur notre héritage évolutif partagé, mais n’est pas une évidence pour autant. Homo sapiens n’est pas humain de fait. Il a inventé l’humain et il lui reste à devenir humain, ce qui sera fait lorsqu’il regardera le monde qui l’entoure avec humanité”

Tenter d’alimenter en réponses possibles la question “ Lier le nomadisme postmoderne à une volonté de comprendre ce qui a fait de nous une Humanité il y a des milliers d’années?”, c’est s’efforcer à une appréhension profonde des enjeux cités ; c’est comprendre les Nomadismes pour arriver jusqu’aux pratiques postmodernes ; c’est chercher les bords de L’ Humanité et les interstices entre les Humanités.

Il ne suffit pas de comparer un comportement socio-générationnel actuel avec une hypothèse ethno-anthropologique sur nos lointain ancêtres pour justifier une liaison directe entre état du travail en 2016 et des migrations datant d’il y a 200 000 ans.  Le risque d’amalgame pris parfois entre des européens équipés d’un ordinateur portable et les peuples tels que par exemple les Sentinelles, Mani,Kintaq,me semble être une vision légère et européano-centrée qui flirte avec l’affront à ce qui pourrait faire de nous une Humanité, affront à l’apprentissage social et de l’acquisition de comportements à partir de l’observation dans le respect d’autrui. Le savoir devenant dès lors une simple “marchandise informationnelle” par abandon de l’étude et de la pensée critique à des schémas narratifs visant l’explication d’une forme d’intégralité de l’histoire humaine, de l’expérience et de la connaissance. J’ai mal à La Condition postmoderne. Rapport sur le savoir de Jean-François Lyotard, j’ai mal à la philosophie postmoderne.

Choisissons des vaisseaux exploratoires et des voies de navigations plus adaptés aux enjeux traités et ne cédons pas aux sirènes du marketing des mots. La question posée en titre en vaut bien l’effort.

Le nomadisme est un mode de vie fondé sur le déplacement ; il est par conséquent un mode de peuplement matériel ou immatériel. La quête de nourriture, sous toutes notions matérielles ou immatérielles, motive les déplacements des humains.

Le nomade est celui qui se déplace. Il est celui qui peuple les territoires, active les courants, insuffle la connaissance. C’est le besoin de se nourrir des fruits de la terre et des graines des savoirs qui le pousse à marcher le long des sentiers classiques où dans les lisères non battues. ( introduction du dépôt sur github)

Quelques voies de navigations exploratoires pour se lancer

Évitons les voix des RH qui hurlent aux concepts de classifications novateurs, si ces services et leurs considérations avaient de la bienveillance et cherchaient l’innovation ils se transformeraient en Richesse Humaines pour quitter le concept de Ressource Humaine (ressource: que l’on exploite comme un mine ?).

Évitons les théorèmes marketing qui n’ont rien à voir avec les nomadismes, les Humanités ou les univers numériques.

Choisissez et définissez vos propres voies de navigations en cultivant votre propre créativité et en jardinant de vraie culture qui vous correspondent. Faites cela avec esprit critique et appropriation de la connaissance, transmission des savoirs.

  1. Pour démarrer dans l’exploration de la question en titre, les bingos à éviter individuellement voir à proscrire dans la même phrase :
  • . Génération X, Y, Z (vous n’êtes pas qu’une simple lettre choisie par du marketing)

  • . Multipotentiel (si un jour on vous à fait avaler que vous étes monopotentiel, on tente de vous asservir. Il est est profondément humain d’être multiple, le reste est du marketing)

  • . Coach en nomadisme, coach en agilité (vous vendre un produitqui n’existe pas pour satisfaire un besoin qui a été créé par le vendeur lui même ça marchait de 1980 à 1998, non?)

  • . Slasheur 2.0 du web en open Hauts Potentiels (Bullshit bingo d’or à Cadre Emploi* qui vous considère comme un pur produit à consommer et se tape du nomadisme et des Humanités*)

Ces bingos ne sont pas fait pour vous apprendre la moindre chose ou vous permettre quoique ce soit. Ils ne sont là que pour vous “encuber”. Ces concepts ne répondent à aucune question essentielle ou existentielle.

  1. Pour tracer des voies sans embuches, éviter les récifs :
  • . Nomadisme = voyages = fuites de problèmes psychologico-famillaux (ineptie régulière, très inutile à débattre)

  • . Nomadisme moderne ou postmoderne = numérique (Il y aurait 250 millions de réfugiés climatiques chaque année autour de 2050, des nomades contraints… Le numérique n’est pas encore écolo… Bref, inutile de débattre ce raccourci)

  • . Nomades = assistés ( ¯_(ツ)_/¯, je capitule devant tant d’inepties…)

Ces récifs sont fait que pour entailler la coque de votre navire de volonté exploratoire. Ils n’ont pas d’autre utilité. Les personnes qui les scandent sont des naufragés qu’il faudra revenir chercher un jour.

  1. Pour se rafraichir et s’acculturer lors des navigations exploratoires :

Cette liste est totalement arbitraire et bien trop non exhaustive. Elle est complétée par une amorce Bibliothèque en fin de page. Je vous invite à compléter ces listes.

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License: CC0 1.0 Universal (CC0 1.0) Public Domain Dedication

La boussole pour découvrir, comprendre et naviguer dans les questions de nomadisme, vous l’avez en vous. Les modes d’emplois sont chez vos pairs qui vous les partagerons, ils sont aussi en lignes dans les internets. La boussole est rattachée à votre pensée critique à votre curiosité.

Je ne vous ai donné que quelques points de carte pour naviguer dans les univers des nomadismes et des humanités, c’est maintenant votre capacité d’apprenance qui vous rendra autonome. C’est à vous et par vous même d’arpenter les possibilités de réponses à vos besoins. Humains nomades, itinérants, sédentaires, multiples, célébrez votre richesse Humaine.

“Une chose en tout cas est certaine : c’est que l’Homme n’est pas le plus vieux problème ni le plus constant qui se soit posé au savoir humain. ” Michel Foucault

Quelques champs à cultiver pour nourrir la réflexion

Le nomadisme postmoderne pratiqué avec une volonté de comprendre ce qui a fait de nous une Humanité il y a des milliers d’années, ceci n’est pas une quête obligatoire. Être nomade est un mode vie choisi ou subi dont l’origine n’est pas intrinsèquement la conséquence de questionnements.(voir aussi “Numérique et postmoderne : l’ère des flux)

La recherche de compréhension de ce qui a fait de nous une Humanité n’est pas uniquement liée à des pratiques de nomadisme. Cette recherche est si complexe et si profonde qu’elle ne saurait supporter une seule approche parfois égoïste. J’avoue volontiers m’être posé la question existentielle des nomadismes et des humanités lors d’introspections puis d’avoir tenté d’embarquer du monde dans ma barque. Je songe à préserver les questionnements de ce parasitisme. 

L’ Humanité ne doit être confondue avec la condition humaine. Cette condition humaine est définie comme les caractéristiques, événements majeurs et situations qui composent l’essentiel de l’existence humaine, tels que la naissance, la croissance, l’aptitude à ressentir des émotions ou à former des aspirations, le conflit, la mortalité. Être dans un virage personnel ou professionnel qui nous mène sur une nouvelle mobilité ou instabilité ne fait de nous des nomades qui se retrouveraient aux origines de la nature humaine. Il me semble en revanche plus juste de penser que parfois ces évènements marquants nous rapproche un peu d’une condition humaine bien souvent oubliée dans un monde très difficile et changeant.

« L’homme a souvent été présenté comme le seul animal capable de planifier mentalement les actions nécessaires à la fabrication d’un outil. Cette affirmation repose sur l’idée que la fabrication d’un outil implique une faculté de planification mentale particulièrement élaborée. »  Christophe Boesch

Aujourd’hui nous avons observé et compris que d’autres espèces animales et même des machines avaient cette capacité. Il est ainsi un formidable enjeu d’explorer ce qui fait de nous une Humanité et ce qui nous relie à travers la planète et les âges.

Nous vivons une époque complexe composée de changements vertigineux, de nouvelles opportunités, de dislocations brutales. Nous naviguons entre promesses et espoirs, entre mensonges et désillusions, entre détresses et craintes. 

Dans ce monde, je ne trouve pas cela complètement fou de rechercher ce qui a fait de nous une Humanité, de tenter de comprendre les nomadismes anciens, actuels et futurs dans une époque de mutation. 

J’y pressens de belles voies de redécouverte des socles essentiels à notre bien-vivre ensemble lors des explorations des Humanités numériques ou non numériques. J’espère trouver dans ces champs exploratoires quelques pistes de réponses qui me permettront d’embrasser une liberté réconciliée de l’Homme avec sa nature.

Si le processus d’universalisation pousse les scientifiques à se déplacer, c’est en raison de la complexité du savoir. Ses éléments codifiés (équations, résultats d’expériences, etc.) peuvent se diffuser facilement, mais l’essentiel de la pratique nécessaire pour y aboutir en même temps que pour les reproduire et les appliquer à des fins spécifiques dépend d’un savoir tacite incarné dans des êtres humains. Leurs mouvements ne s’inscrivent pas nécessairement dans la longue durée. “

Nomadisme des scientifiques et nouvelle géopolitique du savoir

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A Reality called Boom — Visions @ Boom 2014 Author Sterneck / photo on flickr — License CC BY-NC-SA

Lire, entendre et voir des citoyens qui s’emparent de questions de fonds avec le droit de débuter sans expérience, avec le droit à l’erreur, avec le pouvoir d’apprendre, avec une citoyenneté qui se cultive individuellement et collectivement, c’est ce que j’aimerais au quotidien ordinaire. Libérer les savoirs et les actions dans une Do-ocratie :

“ If you want someting done 

DO IT  But remember to

BE EXCELLENT TO EACH OTHER  When doing so.”

Noisebridge Vision

Pas d’experts qui enferment les pratiques dans une normalisation étouffant la création ; des enjeux sociétaux pris à bras le corps par celles et ceux qui composent la société, voilà parfois les graines de cette utopie que je sème et cultive ici et là au gré des déplacements. 

La postmodernité fait référence à un changement structurel de l’individu et de la société lié à la fin de l’époque industrielle qui avait créé la modernité et à l’avènement de l’ère de l’information que nous connaissons aujourd’hui. D’après des sociologues comme Baudrillard (1970), Lyotard (1979) ou Maffesoli (1988), l’individu postmoderne serait né de l’effritement progressif des structures institutionnelles, sociales et spirituelles au sein de la société et d’une volonté de libération des dogmes, normes et valeurs traditionnelles. Le tout sur fond de crise socio-économique dans les années 1970 et 1980 qui a créé un désenchantement chez de nombreuses personnes. D’après Hetzel (2002), « la conception postmoderne de la société est en rupture idéologique avec les valeurs modernes de progrès, d’évolution vers un monde meilleur ou d’utopies collectives.

Les paradoxes du consommateur postmoderne par Alain Decrop

Saisissez-vous des ces questionnements et documentations sur les nomadismes, les pratiques collaboratives, les Humanités. Prenez la barre de vos vies et naviguez pour repenser la société.

C’est avec les collaborations en ligne comme avec les œuvres réalisées physiquement en groupe que nous arrosons les champs qui nous offrent les opportunités d’observer les cultures, contempler les natures, récolter et digérer les graines et fruits puis de recommencer à cultiver.

C’est dans ces pratiques collaboratives, au milieu de ces aires de confiances, sur ces voies de vies croisées que se cachent les recettes de nos Humanités.